A voir : Nitaboh

© by WAO! WORLD / Asiexpo

© by WAO! WORLD / Asiexpo

Attention, pour les allergiques aux révélations (spoilers comme disent les jeunes), je me suis un peu lâchée dans cette critique.

C’est l’histoire très, très gaie d’un jeune garçon orphelin de mère qui va à 8 ans contracter une mauvaise fièvre qui le laissera aveugle, va ensuite apprendre à jouer du shamisen, perdre son père à moins de 15 ans et se retrouver à devoir jouer pour survivre. Jusque là on peut dire que c’est un vrai conte de fées, non ? La suite est encore mieux,mais je ne dévoilerai pas tout, à part le séjour  dans un monastère aux conditions « d’entraînement » et de méditation épouvantables : Full metal jacket à côté, c’est peanuts !

Bien tout cela pour dire quoi ? C’est l’époque où le pays du soleil levant s’ouvre au reste du monde. La société féodale est encore là mais s’effondre de toutes parts.Les conditions de vie au Japon à la fin du XIXème siècle, c’est quelque chose ! Le film est à voir rien que pour cela. Je n’ai pas trouvé le dessin transcendant mais de très bonne facture cependant et puis l’intérêt est ailleurs : comprendre ce que signifie jouer du shamisen, essayer de saisir cette musique si particulière et puis … Ben c’est déjà pas si mal, non ?

 

A lire : Beck

© 2001 Harold Sakuishi / Kodansha Ltd.

© 2001 Harold Sakuishi / Kodansha Ltd.

Yukio Tanaka a 14 ans lorsqu’il découvre le rock et rejoint le groupe Beck monté par son ami Ryûsuke.

Ce manga relate le parcours de Yukio et son groupe, passionnés de rock : des doigts écorchés vifs sur les cordes de guitare à force de s’entraîner aux premiers concerts incertains, de la tournée aux States aux festivals prestigieux, des premiers albums aux grands succès. Les péripéties musicales de Beck sont tissées à partir d’un rêve fondateur, récurrent et contagieux, qui fédère les membres du groupe, un rêve peuplé des grandes figures mythiques du rock : John Lennon, Freddie Mercury, Sid Vicious, Kurt Cobain… Imagine all the rockers

Et puis, sinon ce ne serait pas rock’n’roll, il y a aussi un peu d’alcool (juste un soupçon), des filles (enfin surtout UNE), de la sueur (beaucoup)… Et surgie des tréfonds du blues ancestral, il y a la guitare volée de Ryûsuke, Lucille, criblée de balles et méchamment convoitée, inspirée de la fameuse Gibson de BB King…

Avec un graphisme dynamique et maîtrisé, Harold Sakuishi rend particulièrement bien l’ambiance survoltée des concerts de rock. Cela donne envie de regarder et surtout d’écouter l’anime adapté de son manga.

Et en cadeau bonus, en fin de volumes, des dossiers thématiques sur le rock et des clefs de compréhension vraiment intéressants.

A lire : Ludwig B

© by TEZUKA Osamu / Kôdansha

© by TEZUKA Osamu / Kôdansha

D’abord c’est du Tezuka, on ne peut donc pas l’ignorer dans une sélection. Ensuite il s’agit d’un manga sur un grand compositeur, nous sommes donc bien dans le thème. Mais à vrai dire, comme Tezuka a pratiquement inventé tous les genres de mangas, ce n’est pas étonnant de le retrouver cette année aussi dans les mangas retenus. Ce manga est particulier à bien des égards dans la bibliographie du « dieu du manga »(eh oui, un petit mot savant de temps en temps, cela ne fait pas de mal, c’est pas parce que je ne lis que des mangas que je ne peux pas me la jouer un peu) : c’est un titre inachevé, et pour cause, c’est sa dernière œuvre ! Tezuka est mort avant de l’achever, un peu comme Beethoven est mort avant d’achever la 10e symphonie (dont l’existence même est sujette à caution). Et puis vous le retrouvez dans la sélection, parce qu’évidemment Ludwig B c’est Beethoven. Tezuka n’allait pas consacrer une série à un compositeur mineur !

Il s’est frotté à un génie dont la vie mouvementée pouvait largement alimenter un scénario. Car si la série qui ne fait que deux tomes (en France il est en plus paru dans un mini-format, attention à ceux qui ont la vue qui baisse !), elle devait au total en faire 10. Tezuka atteint d’un cancer et hospitalisé y a travaillé jusqu’à sa mort. Impossible donc de passer à côté du parallèle entre les deux créateurs, considérés tous deux comme des génies indépassables et bourreaux du travail jusqu’à leur dernier souffle.

Je sais bien que la plupart de ceux qui vont à Quartier libre n’ont pas l’habitude de ce genre de trait qui peut leur sembler trop « vieux », appelons un chat, un chat, mais qu’ils se disent que Tezuka a tout inventé dans le manga et qu’ils vont certainement découvrir l’origine de toutes les thématiques et de toutes les techniques si chères aux mangakas d’aujourd’hui. LireTezuka pour un amateur de mangas, c’est comme s’enrouler dans une couverture avec une tasse de chocolat : réconfortant, si familier et plein de bons souvenirs, le bonheur, quoi !

A lire : Woodstock

WOODSTOCK © Yukai ASADA 2008 / Shinchosha Publishing Co.

WOODSTOCK © Yukai ASADA 2008 / Shinchosha Publishing Co.

En voilà un qui annonce la couleur ! Ici c’est pas pour les fillettes, c’est du rock ! L’auteur au passage nous instruit sur l’histoire du rock mondial (Japon compris). Pas d’idole, ni de mélodie sucrée pour Gaku et son groupe Charlie. Dans ce manga on se dessape sur scène, on explose les amplis et lorsqu’on dit des grossièretés, il n’y a pas d’astérisque pour faire passer la pilule. C’est du brut de décoffrage et finalement c’est très … rafraîchissant. On en apprend aussi un peu plus sur la façon de jouer de la basse, de la guitare, etc. et aussi sur les aléas d’un groupe de rock. Au final, sous couvert de manga où l’on se « défoule », voici une série faite très intelligemment. Oups, si je dis cela vous allez fuir : encore de l’éducatif, au secours !!! Eh ben non ! Même pas ! « Vivre vite, mourir jeune … » (je vous laisse chercher sur Google la suite de cette phrase de James Dean), on ne le souhaite pas au manga en question qui est pour l’instant passionnant (en cours avec 16 tomes au Japon, ça m’étonnerait quand-même) .

Toute la rock attitude y est et tous ses excès aussi bien sûr, alors vous attendez quoi ?

Rock and roooooollllllll !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

A voir : Kodo

kodo-au-coeur-des-tambours-du-japon-987288988_MLKodo signifie « battement de coeur » en japonais vous dira la voix off au délicieux accent de ce documentaire. Une fois cela dit, on s’imagine faire une incursion très intellectuelle dans le monde des percussions japonaises, et c’est parfois le cas (sans que cela soit un problème d’ailleurs). Mais ce qui frappe (oulala, la blague carambar) dans ce documentaire, c’est finalement l’engagement physique et spirituel de, il faut bien dire les choses comme elles sont, ces « gamins ».

Ils sont pour certains à peine sortis de l’adolescence et se retrouvent à faire un apprentissage très dur physiquement et moralement. En effet quand on sait que la majorité des jeunes japonais a littéralement un smartphone greffé à la main, il est difficile de faire le rapprochement avec ces jeunes artistes, isolés sur une île sans aucun écran de quelque sorte que ce soit.

Quand ils veulent manger, ils doivent aller dans la forêt couper les bambous pour faire les baguettes ?????????!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Si je suis sérieuse ? Eh ben oui !

C’est un détail assez amusant, mais c’est vraiment un documentaire que je vous recommande dans son ensemble parce qu’il y a effectivement quelque chose de libérateur et quasi hypnotique à regarder autant qu’à écouter ces taïkos. Taïko est le mot japonais pour ces tambours. Je frime ? Un peu, oui.

A lire : Me and the devil blues

ORE TO AKUMA NO BLUES © 2005 Akira Hiramoto / KODANSHA Ltd.

ORE TO AKUMA NO BLUES © 2005 Akira Hiramoto / KODANSHA Ltd.

Vous avez lu l’histoire de Robert Johnson? Comment il vécut, comment il est mort? Alors voilà : on est aux Etats-Unis, Mississippi, dans les années 20-30. RJ est un homme de ferme noir qui ne rêve que de blues et qui passe plus volontiers ces nuits au Juke Joint (bar avec musique) plutôt qu’auprès de sa femme enceinte. Guitariste médiocre, moqué par ses compagnons de comptoir, il se rend à la croisée des chemins pour vendre son âme au diable (et tout le toutime, sa femme, son futur gosse) en échange d’un talent exceptionnel. Tellement exceptionnel qu’il se réveillera avec cinq doigts supplémentaires à la main droite (c’est sûrement un fantasme de musicien, ça). Commence alors un périple rocambolesque, sombre et inquiétant où il croisera le gangster Clyde Barrow (si, vous savez, le célèbre gangster amoureux de Bonnie), des membres du Ku Klux Klan, et autres personnages peu recommandables. Me and the Devil Blues retrace la vie du fameux bluesman Robert Johnson dont la rencontre avec le diable a alimenté la renommée. Une matière première légendaire décuplée par Akira Hirato qui nous immerge dans un récit, un graphisme et une musique d’une noirceur fascinante. Atmosphère, atmosphère… Un conseil : à lire en écoutant des chansons de Robert Johnson en musique de fond : effet garanti !

Le thérémine, non le theremine, euh, non le theremin. Bon ! Le truc, là dans l’expo

Eh oui, il faudrait déjà se mettre d’accord sur l’orthographe de cet objet étrange.

Mais un peu d’histoire :

Comment ça encore ? De toute façon vous n’y échapperez pas et si vous êtes sage, vous aurez une surprise.

Lev_Termen_playing_-_croppedDonc, un peu d’histoire : Le thérémine a été inventé en 1917 (début des années 20 selon certains) par, devinez qui, Léon Theremine. Ce monsieur inventa d’ailleurs tout un tas d’instruments aussi connus que le rhythmicon, le terpistone et le violoncelle thérémine. Lénine aurait appris à jouer du thérémine et en aurait commandé plusieurs centaines d’exemplaires. Le thérémine a eu un certain succès et son inventeur en fit la promotion durant de nombreuses années, notamment aux Etats-Unis avant d’être « récupéré », renvoyé en URSS et déporté dans des mines. Redevenu « libre » en 1956, il décèdera à 97 ans.

Pour connaître sa vie en détails cliquez et pour entendre une virtuose du theremine

Enfin parce que je vous avais promis une petite surprise, voici un extrait de Big Bang theory (mes geeks préférés), série américaine que vous pouvez emprunter dans notre Quartier Libre. Où l’on voit Sheldon massacrer les oreilles de ses amis avec un thérémine qui ne lui en demandait pas tant. C’est en anglais non sous-titré mais la musique (surtout la mauvaise) est universelle. Enjoy !

 

 

 

A voir : Piano forest

©2007 Makoto Isshiki / THE PIANO FOREST Film Partners

©2007 Makoto Isshiki / THE PIANO FOREST Film Partners

Un jeune garçon, très doué au piano, Shuhei Amamiya, enchaîne les concours brillamment. Il doit changer d’école et se retrouve, suite à une conversation, à partir à la recherche d’un piano enchanté situé dans une forêt. Outre que l’endroit est un peu spécial, qu’est-ce-qui autorise ses camarades à dire qu’il est hanté ? Et bien rien de particulier sauf peut-être qu’il est cassé mais qu’il arrive qu’on l’entende jouer des mélodies superbes. Kai, qui est dans la même classe, sait que le piano est magique et qu’il peut jouer : ce petit sauvageon, à mille lieues de ce que peut être Shuhei, l’emmène et là, oh surprise, le prodige n’arrive pas à en tirer une note. Oui, enfin pas si prodigieux que cela puisqu’il est cassé ! Seulement, Kai, lui, en joue, et même en virtuose, alors qu’il n’a jamais pris de leçon. C’est un très beau moment que ce Piano forest (qui n’oublie pas d’être drôle aussi).

Le charme de ce piano ne se limite pas aux musiciens, car j’ai beau ne pas avoir l’oreille très musicale, je l’ai trouvé envoûtant. La simple vue de ce piano au cœur de la forêt vaut à elle seule le coup d’œil. Une cerise sur ce gâteau ? Je vous trouve bien exigeants ! Bon, c’est bien parce que c’est vous ! Vous pouvez venir le voir à la BU Sciences dans la salle de conférence le mardi 10 février à 18h30 en projection, et c’est gratuit ! Alors ? On ne vous gâte pas ??!!